16 déc. 2010

Un instant, un flocon / Un instante, un copo de nieve


Je ne pense pas que la vie soit courte. Elle nous donne généralement assez de temps pour réaliser une multitude de projets et de rêves. La vie nous permet de rectifier certaines erreurs, de nous enfoncer dans d’autres aussi, c’est comme ça. L’inconvénient majeur c’est qu’elle ne nous offre pas de seconde chance, une deuxième vie.

Parlons aujourd’hui de l’instant, du moment présent. Dans son roman « Dolce agonia » lu il y a longtemps, N. Huston se prend pour Dieu (encore une !) et règle le destin d’un groupe de vieux amis. J’avais souligné un passage où elle fait un parallèle que j’aimerais partager avec vous :
« La neige lui avait toujours semblé traîtresse, trompeuse, chaque flocon une minuscule étoile étincelante, toute légèreté et toute douceur, prête à vous fondre sur la langue et sur la peau, alors que leur lente accumulation était une force meurtrière capable de faire déraper une voiture, s’effondrer les toits, s’abattre les arbres ; oui, elle arrêtait tout, bloquait tout, vous empêchait d’avancer, de rejoindre vos proches…

Exactement comme le temps, se dit-il maintenant. Chaque instant en lui-même sans poids, imperceptible, un minuscule éclat de cristal qui vous fond sur la langue, alors que leur accumulation est une force meurtrière, les années vous enfoncent, recouvrant tout et estompant les différences…Comment faire, mon Dieu, pour franchir les énormes congères du Temps ? On s’acharne sur elles pour les écarter, les repousser sur les bords de la route, mais entre-temps, sur la chaussée elle-même, la neige s’est transformée en neige dangereuse, provoquant des accidents, précipitant les gens dans la mort…alors que tout avait commencé de façon si innocente, un instant l’un après l’autre… »

No creo que la vida sea corta. Generalmente nos da tiempo suficiente para realizar multitud de proyectos y sueños. La vida nos permite rectificar algunos errores pero también podemos hundirnos en otros.El gran inconveniente es que no nos ofrece una segunda oportunidad, una segunda vida.

Hablemos hoy del instante, del momento presente. La escritora Nancy Huston, en su novela “Dolce agonia”, se cree Dios y decide el destino de un grupo de viejos amigos. En uno de los párrafos hace un paralelismo que me gustaría compartir:

“La nieve siempre le había parecido traidora, engañosa, cada copo una minúscula estrella relumbrante, toda ligereza y toda dulzura, lista para derretirse en la lengua o en la piel, mientras que su acumulación era una fuerza mortífera capaz de hacer resbalar a los coches, derrumbar los tejados, tumbar los árboles, sí, paraba todo, lo bloqueaba todo, os impedía avanzar, reuniros con vuestros parientes (...)

Exactamente como el tiempo pensó ahora. Cada instante, sin peso propio, imperceptible, un minúsculo destello de cristal que se derrite en la lengua, mientras que su lenta acumulación es una fuerza mortífera, los años nos hunden, recubriendo todo y esfumando las diferencias… ¿Cómo hacer, Dios mío, para franquear los glaciares del Tiempo? Uno se empeña en apartarlos, empujarlos a las orillas de la carretera pero, entretanto, en la misma calzada, la nieve se transforma en hielo peligroso, provoca accidentes, precipita gente hacia la muerte…cuando todo había empezado de manera tan inocente, un instante, uno tras otro…” Trad.Colo.

Fotos: I.Pampín. (c'est derrière chez moi, es detrás de mi casa)

19 commentaires:

  1. inexorablement, flocon après flocon, seconde après seconde...l'avalanche du Temps nous emportera...

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  2. Et il neige sur Majorque comme il neige sur mes montagnes. C'est pourquoi il faut savourer chaque flocon, oui chaque flocon, fondre sous la langue comme des pralines. Fermer les yeux. Et croire en l'instant, au moment, au temps qui s'arrête et à l'espoir qui circule encore dans les veines.

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  3. Je lis ton billet, chère Colo, accompagnée de flocons légers qui blanchissent à nouveau toits et terrasses, arbres et jardins depuis hier, comme sur les photos de derrière chez toi.
    Le bel extrait que tu as choisi, qu'y ajouter ? Cramponnons-nous sans perdre la magie des étoiles...

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  4. Les Baléares sous la neige, vive les blogs qui permettent d'être à l'unisson avec l'autre bout du monde parfois... enfin là j'exagère un peu

    Le moment présent, pas toujours simple de s'y accrocher, comme disent les philosophent on est toujours dans l'hier ou le demain
    la neige m'évoque l'éphémère bien sûr, mais sans tristesse, la beauté offerte toute de douceur, elle ne me fait pas peur, je n'en ressent pas le danger, c'est plutôt comme un manteau que je pourrais secouer quand bon me semblera et le présent absolu car demain la neige aura disparue
    la neige qui tombe c'est un maintenant qui dure

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  5. Bonjour Colo,

    Aujourd'hui la ville de Washington est habillé dans un joli couche de neige blanche. Je rejoins Dominique. La neige est belle, innocente, pas du tout trompeuse. C'est la nature qui nous frappe de temps en temps des tempêtes de neige. Malheureusement, l'homme et son attitude agressive envers la mère nature la provoquent, et plus souvent elle nous frappe avec une accumulation de sa rage...

    Et maintenant il faut aller au travail. Peut-être je me promène plus lentement dans la neige avant de me rendre à la bouche du métro. Bonne journée.

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  6. -Et oui Sable, mais en cette seconde le dernier rayon de soleil fait briller la montagne...superbe!

    -Damien, ici la neige tient rarement, faut profiter de l'instant où les flocons glissent sur les paupières.

    -Tania, de ta chambre avec vue ce doit être bien joli...ne t'aventure pas sur les toits, mère Noël!

    -Tout est parti Dominique mais c'était très beau. A Palma il ne neigeait pas alors les gens sont venus en masse admirer un moment ce phénomène, assez rare ici. Quelques flocons éphémères qui ne font peur à personne!

    -Bonjour, bonsoir Go. Ici sur mon île ce sont les rages du vent, les folies de la mer qui effrayent parfois. La nature est innocente, bien sûr, mais elle n'en fait qu'à sa tête :))
    Bonnes promenades blanches, fais attention aux conducteurs fous!

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  7. Pas de game over dans la vie, alors essayons d'être heureux tout en avançant malgré la neige, les obstacles, les carrefours, les choix... bon je vais reprendre un chocolat maintenant !

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  8. -Bon appétit Lautreje, il s'agit de choisir le bon...ils sont presque tous bons, oh, que c'est compliqué!

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  9. La neige cette "douce agonie" faite des copeaux du temps bientôt fondra sur les miettes de soleil au printemps qui reviendra, obstiné comme la vie.
    Et c'est un excellent choix que cette Nancy Houston à la fois de Lorraine et du Texas pour parler de l'ambivalence de la neige de bon ou de mal heur

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  10. j'ai, un peu involontairement, déformé Huston et Houston dans le désir pressé de laisser une trace dans ta neige.

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  11. -Alex, ton "désir pressé" m'a fait fondre, enfin, fondre les quelques miettes de glace accrochées à mes cheveux. Plaisirs du feu de bois avant le retour des fleurs d'amandier.

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  12. Lâcher-prise
    voltiger comme un petit flocon de neige
    et se poser délicatement sur une joue complice...
    Marcelle

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  13. Je sais, la neige vous (nous) rend lyriques, mais je retiens surtout cette phrase très vraie: " no nos ofrece una secunda oportunidad". Je ne peux m'empêcher de me rappeler cet homme qui ne terminait pas de mourir parce qu'il réclamait son fils avec lequel il était en guerre. A force de courage et d'énergie,l'élève infirmière a pu contacter le fils qui a bon gré mal gré accepté de venir embrasser son père. Il est mort quelques minutes après... J'espère ne jamais traîner de poids pareil jusqu'à mon lit de mort. Demeurer légère comme un flocon insouciant...

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  14. Ca fait bien penser, ton texte... la vie n'est pas trop courte, non, et elle seule sait sa longueur, elle seule sait quand elle est finie. On meurt quand on a fini. Ca peut être vite, parfois...

    Oh Delphine... ces gens qui nous attendent pour s'en aller. Parfois, c'est pour leur bonheur, tu sais. Ils "peuvent partir heureux". C'est la dernière chose qu'ils demandent.

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  15. -Jolie métaphore Marcelle, merci!

    -A Delphine. Je t'aurais répondu comme Edmée. Insouciant, aucun de nous ne l'est; le poids du texte et le sol neigeux nous ont fait prendre la tangente ou suivre le parallèle léger...Un beso-copo.

    -Edmée, trop vite...ou pas assez, parfois, oui.
    Bonne semaine.

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  16. Il y a tant de neige ici ! Je ne fais que m'émerveiller, m'enthousiasmer à tout bout de champ et ma fascination pour le paysage blanc n'a pas de limite. Chaque flocon de neige, un à un a formé cette féérie. Je veux bien mourir là-dedans, peu m'importe, c'est trop beau. Je ne partage pas les pensées mélancoliques de N. Huston et je ne peux pas faire le même parallèle qu'elle. J'aime la neige trop fort. Je me sens moi-même neige.

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  17. -Euterpe, ton enthousiasme est contagieux! Me voilà regrettant les hivers enneigés de mon enfance flamande.
    J'espère quand même que mon fils qui vit à Frankfurt pourra arriver ici le 24...
    Bonnes fêtes à toi.

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  18. Cette fois mon commentaire du pays blanc semble bien passer... juste te dire que j'adore ce passage mais qu'il existe un autre point de vue : l'innocence du premier flocon, "l'instant de l'un après l'autre" recommence chaque fois et traverse ce Temps avec arrogance et beauté.

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  19. Intéressant, donc comme la neige qui tombe, le temps est une accumulation d'instants !

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